Quand les drones plantent des arbres

L'entreprise canadienne Flash Forest a décidé de s'attaquer au problème de la déforestation en mettant au point des drones d'un nouveau genre.
Entre les différentes industries consommatrices de bois, les incendies favorisés par le réchauffement climatique ou encore la monoculture intensive, les forêts subissent de plein fouet les dynamiques de notre économie mondiale. Tous les ans, 13 milliards d'arbres sont coupés en moyenne sur notre planète. Et moins de la moitié est replantée. Entre 10 à 15 millions d'hectares de forêts disparaissent ainsi chaque année dans les régions tropicales, soit l’équivalent d’environ un demi terrain de football rasé chaque seconde. Et si les drones pouvaient nous aider à régénérer les forêts ?
Outre le drame évident en termes de biodiversité, la déforestation massive nous prive progressivement d’une précieuse aide végétale, à savoir celle d’absorber le CO2. Pour tenter de contrer la progression galopante de la déforestation, l'entreprise canadienne Flash Forest développe une idée un peu folle: replanter des arbres en utilisant des drones. Aussi novateur que prometteur, le projet avance rapidement, notamment grâce à une campagne de financement participatif menée avec succès sur Kickstarter lui ayant permis de récolter plus de 80’000 francs.
Compétences multiples
Le projet de Flash Forest implique de nombreux savoir-faire dans des domaines de pointe. Il s’agit d’une part de pouvoir modifier des drones de grande envergure en les équipant d’une sorte de canon capable de «tirer» des semences directement dans le sol. Chaque drone élaboré par Flash Forest peut ainsi planter autant d’arbres que 10 personnes travaillant simultanément. Et son système de navigation permet à une seule et même personne de piloter jusqu’à 10 drones en même temps. Pour identifier les zones les plus aptes à la croissance des futurs arbres, Flash Forest a par ailleurs développé un logiciel de cartographie aérienne intégré à ses objets volants. En parallèle, des connaissances en matière de biologie et d’environnement sont nécessaires. Les semences utilisées par la jeune entreprise sont d’ailleurs le fruit d’un minutieux travail de recherche. Objectif: maximiser les chances que ses graines plantées à distance prennent réellement pour donner naissance à de futurs arbres. "Nous avons pour cela mis au point des mini capsules dans lesquelles sont enfermées des graines d'arbres pré-germées couplées à des nutriments pour assurer leur croissance durant les neufs premiers mois", précise Angelique Ahlstrom de Flash Forest. "Cette combinaison biologique nous permet de faire germer les graines rapidement, raccourcissant ainsi les deux premières années habituellement nécessaires pour cela. En pépinière, c’est d’ailleurs durant ce laps de temps délicat que les plantes demandent le plus d’énergie et d’eau. D’où l’intérêt de raccourcir cette période, surtout en considérant le fait que nos graines sont directement implantées en pleine nature." Au total, l’équipe principale de Flash Forest compte cinq personnes dont le background académique et professionnel combine l’ingénierie mécanique et électronique, l’écologie et les sciences de l’environnement, la biologie ainsi que l’entrepreneuriat. Une palette de compétences riche et variée qui souligne bien le caractère pluridisciplinaire de l’innovation développée par la jeune entreprise.
Marché porteur
Outre la crise écologique évidente et les besoins intenses en matière de maintien et de développement de la biodiversité, le marché dans lequel évolue la start-up est aussi dopé par les nouvelles pratiques et réglementions entrées en vigueur dernièrement dans divers secteurs industriels. Car pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, les entreprises polluantes telles que les compagnies aériennes sont toujours plus nombreuses à investir dans la reforestation. Qu’il s’agisse d’une action entreprise à des fins de marketing ou d’une démarche sincère, le résultat vertueux reste réel. Dans sa stratégie commerciale, Flash Forest entend ainsi proposer ses services et drones de reforestation à différents acteurs concernés de près par la problématiques comme les organisations gouvernementales, les entreprises et groupes industriels ou encore les ONG. Après un premier prototype réalisé pour tester et valider son système en 2019, l’entreprise est prête à intensifier son activité, notamment grâce à sa campagne de crowdfunding achevée avec succès début 2020. Plusieurs demandes émanant de partenaires gouvernementaux et industriels ont d’ailleurs déjà été confiées à la start-up. "En 2020, peu après notre lancement, notre objectif consistait à planter 150’000 arbres au sein du territoire canadien", évoque le cofondateur Bryce Jones. "Nous comptons désormais nous développer à l’international. Et pour favoriser un reboisement sain et diversifié, nous avons sélectionné une vingtaine d’essences forestières différentes. Notre activité étant évidemment indépendante d’éventuels intérêts industriels envers certains types d’essences."
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